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A propos des murs...
et des fonds.
La grande question jusqu’à peu était “Où
va donc s’élever cet Organe ?”, question dont la
réponse assez rapide ne laissait aucun doute quant au 9e arrondissement
cher à Gérard Collomb et à d’autres férus
de la Net économie, encore que l’emplacement final laissait
planer quelques doutes. Les inondations et la crue de la Saône aidant,
les doutes planent toujours pour des raisons essentiellement géologiques
et architecturales bien qu’on s’accorde à situer de façon
définitive l’emplacement de l’Organe sur les lieux des
friches du quartier de l’Industrie à Vaise dans un rayon plus
ou moins élevé des bords de Saône. Concrètement
Thierry Ehrmann va engager à titre privé quatre-vingt dix
millions de francs dans cette aventure qu’il compare à l’ultime
réalisation du “véritable musée imaginaire
d’André Malraux, musée à la fois temporel et
virtuel”, où le sens secret et le sens sacré devraient
se répondre inlassablement à travers toute la collection
du musée. Le coût final de l’entreprise devrait se situer
aux alentours de 90 millions de Francs avec un objectif de chiffre d’affaires
en 2e année d’exploitation de 50 millions de Francs pour arriver
très vite à 100 millions de Francs la 3e année, avec
un objectif in fine sur 7 ans de 500 millions de Francs s’appuyant
sur l’analyse de la banque de données dont le fonctionnement
en final se rapproche assez de celui visé pour l’Organe.
Côté murs, Thierry Ehrmann esquisse un sourire en précisant
que la construction sera tout sauf dans la ligne éditoriale du
“Guggenheim” en référence au projet architectural
du Musée des Confluences. Sans se placer en opposition mais plutôt
en résonance avec ce dernier, il conçoit l’Organe d’avantage
comme un signal fort dans la cité où le contenu doit être
plus important que le contenant. Dans ce but, l’Organe sera doté
d’une architecture à tendance néoclassique avec une
forte inspiration d’Allemagne anciennement de l’Est dans sa
forme cubique, le tout abritant un “monstre de technologie”.
Car c’est principalement en son sein que va résider un autre
tournant de la muséologie traditionnelle avec un musée dans
le musée: l’“Organe central” reliant le temporel
au virtuel, Centre Serveur de l’espace et cœur de l’internet,
bulle de cuivre et de verre suspendue par des élingues d’acier.
Pour la première fois dans un tel type de projet seront d’ailleurs
directement reliés en continu les architectes du bâtiment
aux architectes réseau. “Mon but n’est pas de faire
un ersatz de la fondation Pinault et mon souci n’est pas d’attendre
mon apogée pour m’inquiéter d’acheter la meilleure
pièce de Damien Hirst ou la meilleure sculpture d’un autre
artiste confirmé. Mon vœu aujourd’hui est de donner une
place, une vraie et authentique place au champ de la création,
qu’il soit vivant, actuel et qu’il respire à travers
un lieu international où l’art contemporain soit en prise
directe avec le monde 24h/24 y compris de façon commerciale. Pour
cela, je suis prêt à affronter aujourd’hui à
quarante ans toutes les critiques artistiques ou autres qui fuseront à
l’encontre ou pour ce musée, mais je ne connais pas un seule
grande collection qui ne soit pas née d’un risque fondamental.
Le musée du 21e siècle est et sera un enjeu politique, économique
et artistique.” Fleuron du groupe Serveur dont il sera une filiale,
l’Organe devrait être accessible via le Net dès les
premières réunions des architectes.
Philippe Jayet
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